7

 

Non-axiomes.

 

Lorsqu’il émet un jugement sur une action ou un événement, un individu « abstrait » une partie seulement de ses caractéristiques. S’il dit : « Cette chaise est noire », il doit indiquer que la noirceur n’est qu’une de ses qualités, et il doit avoir conscience, au moment où il parle, de ses autres multiples caractères. La « conscience d’abstraire » constitue une des supériorités essentielles d’un individu entraîné sémantiquement sur un individu qui ne l’est pas.

 

Avec la rapidité d’un chat sauvage, Gosseyn jaillit de sa couche. Ses doigts saisirent la partie inférieure de la barre transversale de la grille. Il se sentit irrésistiblement soulevé.

L’effort de se maintenir nécessita toute la force de ses bras et de ses doigts. La surface à laquelle il devait s’accrocher mesurait moins de trois centimètres d’épaisseur et se recourbait du mauvais côté. Mais il avait assuré sa prise sous les aiguilles, sous ce fantastique enchevêtrement d’aiguilles, et il fallait tenir bon ou succomber.

Il tint bon. Tandis qu’il s’élevait au-dessus du niveau de la fenêtre, il put distinguer l’extérieur. Il entrevit une cour au premier plan, une haute grille assez proche, faite de lances aiguës d’acier, et des arbres au-delà. Gosseyn regarda à peine le paysage. Un coup d’œil à l’ensemble et il fixa son attention sur la cour.

Il y eut un instant d’agonie durant lequel il mémorisa la structure superficielle d’un élément de pavé. Puis, son dessein accompli, il retomba de près de sept mètres sur le sol cimenté de la cellule.

Il atterrit à quatre pattes, physiquement décontracté, mais l’esprit aussi tendu qu’une barre de métal. Il avait une zone extérieure où s’échapper par le moyen des facultés particulières de son cerveau second, mais il fallait encore qu’il se décidât sur l’action immédiate à suivre.

Son problème direct par rapport au Disciple n’avait pas subi de modifications fondamentales. Il restait en danger mortel et imminent. Mais au moins, il possédait un terrain de retraite extérieur.

Prudemment, comme un combattant aux aguets d’un dangereux adversaire, Gosseyn observa Jurig, le gorille, qui était supposé le tuer.

— Leej, dit-il, sans regarder la Prédictrice, venez ici, derrière moi.

Elle vint sans un mot, presque sans bruit. Il entrevit son visage quand elle passa près de lui. Ses joues n’avaient plus de couleur, ses yeux se brouillaient, mais elle levait la tête. De l’autre bout de ce qui n’était plus qu’une cellule, Jurig ricana :

— Ça te fera une belle jambe, de te cacher derrière lui.

C’était une menace purement thalamique, inutile même à Jurig. Mais Gosseyn ne la laissa pas passer. Il avait attendu l’occasion. Un homme dans l’incapacité de prendre une décision pour une question importante devait paraître concentrer son attention sur un point secondaire. Aussi longtemps qu’il donnerait l’impression d’avoir l’esprit axé sur Jurig, comme si là était le danger, aussi longtemps le Disciple attendrait le résultat. Il dit d’une voix d’acier :

— Jurig, je suis fatigué de ce genre de langage. Il est temps que vous vous décidiez pour ou contre moi. Et je vous dis tout de suite qu’il serait prudent d’être pour.

Le Yalertain, qui se préparait à foncer, s’arrêta. Les muscles de son visage se contractèrent spasmodiquement, oscillant entre le doute et la colère. Il regarda Gosseyn de l’œil déconcerté du taureau dont l’infime adversaire n’a pas l’air d’avoir peur.

— J’vais t’casser le crâne su’ l’ciment, dit-il, les dents serrées.

Mais il le disait comme s’il voulait contrôler l’effet de ses paroles.

— Leej, dit Gosseyn.

— Oui ?

— Voyez-vous ce que je vais faire ?

— Il n’y a rien. Rien.

Ce fut à Gosseyn d’être déconcerté. À la vérité, si elle ne pouvait prévoir ses actes, le Disciple en serait également incapable. Mais il avait espéré une vague image qui lui permettrait de se décider. Que faire une fois dehors ? filer ? Ou explorer la retraite et chercher le Disciple ?

Son rôle en cette affaire avait une importance bien plus grande que celui de Jurig ou de Leej. Comme le Disciple, il occupait une place de premier plan dans le jeu d’échecs galactique. Ou tout au moins, il devait le croire jusqu’à preuve du contraire. Ceci lui imposait des contraintes. La fuite seule ne résoudrait rien. Il devait également, si possible, semer la graine de la victoire future.

— Jurig, dit-il, gagnant du temps, tu as une décision sérieuse à prendre. Elle nécessite plus de courage que tu n’en as montré jusqu’ici, mais je suis sûr que tu en es capable. À partir de ce moment, sans souci des conséquences, tu seras contre le Disciple. Je te le dis, tu n’as pas le choix. À notre prochaine rencontre, si tu ne travailles pas contre lui sans conditions, je te tuerai.

Jurig le regarda, incrédule. Il lui paraissait difficile de croire qu’un codétenu pût réellement lui donner un ordre. Il rit, mal à l’aise. Puis l’énormité de l’insulte dut l’atteindre. Il se mit dans une colère terrible, la colère d’un homme outragé.

— Je vais te montrer ce que je choisis, hurla-t-il.

Il s’élança.

Sa progression fut rapide, mais lourde. Il écarta les bras, décidé apparemment à étreindre pour aplatir, et fut extrêmement surpris de voir Gosseyn foncer droit dans l’anneau de ses membres d’ours et lui envoyer un violent direct à la mâchoire. Le coup dévia un peu, mais arrêta net Jurig. Il empoigna Gosseyn, l’air mal à l’aise. Il parut de plus en plus défait à mesure qu’il s’efforçait d’affirmer sa prise sur un homme qui, après un coup aussi efficace, se révélait non seulement plus rapide, mais encore plus puissant que lui-même.

Le Yalertain flancha subitement, comme une porte cède au bélier. Gosseyn le sentit venir, et, dans une ultime explosion de force, envoya dinguer l’autre sur le plancher, effondré, vaincu au mental et au physique.

Le choc durerait, et Gosseyn le regretta. Mais c’avait sans nul doute été nécessaire. C’est sur des identifications de ce genre que les gens comme Jurig bâtissent leur personnalité. Toute sa vie, Jurig avait cherché la supériorité à coups de poing. C’était à lui, non à Gosseyn, qu’appartenait cette façon de l’exprimer.

Consciemment, il refuserait la défaite et se trouverait une douzaine d’excuses. Mais sur le plan de l’inconscient, il l’accepterait. Aussi longtemps qu’il s’agirait de Gosseyn, sa confiance en ses capacités physiques n’existait plus. Seule une culture Ā pourrait lui permettre de se réadapter à ce nouvel état de choses, mais il n’avait pas ça sous la main.

Satisfait, Gosseyn se similarisa dans la cour. Puis, très vite, son dessein essentiel, l’évasion, prit possession de son système nerveux.

Il perçut vaguement la présence de gens qui se retournaient sur lui tandis qu’il courait. Il entrevit, en tournant la tête, un amas énorme de bâtiments, des clochers et des tours, des masses de pierre et de marbre, des fenêtres de verre coloré. Cette image de la retraite du Disciple lui demeura dans l’esprit alors même qu’il restait à l’affût des sources d’énergie du château. Il se tenait prêt à se similariser d’avant en arrière pour échapper aux souffleurs et aux armes à énergie. Mais nulle variation ne survenait dans le flux de la dynamo ni de la pile atomique.

Automatiquement, il similarisa Leej sur la zone mémorisée derrière lui, mais ne regarda même pas si elle le suivait.

Il atteignit la haute grille et vit que les fers de lance, déjà impressionnants comme ça, portaient, incrustées, les mêmes aiguilles que les grilles de la cellule qu’il venait de quitter. Trois mètres de métal infranchissable – mais il pouvait voir à travers les barreaux.

Il fallut le long moment habituel – il paraissait long – pour mémoriser une zone au-delà des grilles. En fait, il ne s’agissait pas là de mémoire. Lorsqu’il se concentrait sur un point, son cerveau second prenait automatiquement une « photographie » de la structure atomique entière de la matière considérée, sur une profondeur de plusieurs molécules. Le processus de similarisation subséquent résultait du flux d’énergie nerveuse le long des circuits de liaison de son cerveau second, circuits développés seulement par un entraînement prolongé. L’impulsion active émettait une charge de cette énergie, d’abord le long des nerfs de son corps puis par-delà son enveloppe. Pendant un instant, alors, chaque atome mis en jeu était contraint de se plier à une ressemblance « floue » avec le « modèle » photographié. Lorsque l’approximation de similitude se précisait à vingt décimales, les deux objets entraient en contiguïté, et le plus grand franchissait l’espace le séparant du second comme s’il n’y avait pas d’espace.

Gosseyn se similarisa derrière les grilles et se mit à courir vers le bois. Il perçut la présence d’énergie magnétique et vit l’avion glisser vers lui au-dessus des arbres. Il continua à courir, le guettant du coin de l’œil, tentant d’analyser sa source d’énergie. Il n’y avait pas d’hélice, mais de longues fiches de métal jaillissaient de ses ailes trapues. Des plaques d’un type analogue garnissaient le fuselage et ceci confirma ses prévisions. C’était l’origine de l’énergie magnétique. Il devait être armé d’obus ou d’un faisceau souffleur magnétique.

L’appareil, qui venait en travers, dirigea soudain sa proue vers lui. Gosseyn se similarisa vers la grille.

Une gerbe de feu coloré s’épanouit sur l’herbe qu’il venait de quitter. L’herbe fuma. Les jets de flamme jaune de la broussaille ne firent que se superposer à l’arc-en-ciel rouge, vert, bleu, orangé du souffleur.

Comme l’avion le dépassait en sifflant, Gosseyn prit une photographie de sa dérive de queue. Et de nouveau, à toute vitesse, il repartit vers les arbres à plus de cent mètres de là.

Il continuait d’observer l’avion qu’il vit tourner et plonger vers lui. Cette fois, Gosseyn ne prit pas de risques. Il n’était qu’à trente mètres de la grille, ce qui était un peu près. Mais il similarisa la dérive de queue de l’appareil à la zone mémorisée près des grilles.

Il y eut un fracas qui fit trembler le sol. Le hurlement métallique de l’avion dont la vitesse n’était pas altérée par la similarisation, déchirait l’oreille tandis qu’il se ruait parallèlement à la grille pour la déchirer dans un bruit fantastique. Il s’arrêta deux cents mètres plus loin, masse informe.

Gosseyn courut. Il atteignit le couvert des bois, mais ne se contentait plus d’une pure évasion. S’il existait un instrument d’agression, il devait y en avoir d’autres. Rapidement, il mémorisa une zone voisine d’un arbre, fit un pas de côté et transporta Leej jusqu’à lui. Ensuite, il se retransporta sur l’espace extérieur à la fenêtre de sa cellule et prit sa course jusqu’à la première porte menant à la retraite. Il désirait des armes de taille à tenir en respect toutes celles que le Disciple avait pu concevoir pour prévenir sa fuite et il était décidé à les obtenir.

Il se trouva dans un large couloir, et la première chose qu’il vit fut une longue rangée de lampes magnétiques. Il mémorisa la plus proche et, aussitôt, se sentit beaucoup mieux. Il était en possession d’une arme réduite, mais efficace, qui pourrait agir sur tout Yalerta.

Il continua de suivre le corridor, sans plus se presser. La dynamo et la pile étaient proches, mais il n’avait aucun moyen de savoir exactement à quel endroit. Il sentit la présence de plusieurs humains, mais leur flux nerveux n’était ni tendu ni menaçant. Il parvint à un escalier et, sans hésitation, se mit à le descendre. Deux hommes, debout tout en bas, conversaient avec intensité bien que sans anxiété.

Ils le regardèrent, surpris. Et Gosseyn, qui avait déjà préparé son plan, dit, haletant :

— Où est l’usine génératrice ? C’est urgent.

Un des hommes parut ému.

— Mais… mais… par là. Par là. Qu’est-ce qui se passe ?

Gosseyn courait déjà dans la direction indiquée. L’autre homme le rappela :

— La cinquième porte à droite.

Lorsqu’il fut à la cinquième porte, il s’arrêta juste sur le seuil. À quoi il s’était attendu exactement, il l’ignorait, mais sûrement pas à voir une pile atomique alimenter une dynamo. L’immense générateur tournait doucement, et son énorme rotor scintillait. De part et d’autre, des murs couverts de tableaux de contrôle. Une demi-douzaine d’hommes s’occupaient là et ne le virent pas d’abord. Gosseyn s’avança sans hésiter vers les câbles de sortie de la dynamo et les mémorisa. Il évalua la puissance à quarante mille kilowatts.

Puis, toujours avec le même aplomb, il se dirigea vers la pile. Elle comportait les dispositifs habituels de contrôle de l’intérieur, et un employé se penchait sur une jauge pour faire des rectifications de détail en vérifiant un cadran gradué. Gosseyn le dépassa et, par le regard prévu à cet effet, considéra l’intérieur de la pile.

Il sentit l’autre se redresser. Mais le long délai qu’il mit pour comprendre la nature de cette intrusion suffisait à Gosseyn. Comme l’employé lui touchait l’épaule, trop surpris pour parler ou protester, Gosseyn recula et, sans un mot, reprit la porte et se retrouva dans le corridor.

Au moment où il fut hors de vue, il se transporta dans les bois. Leej, à trois mètres, était presque en face de lui. Elle sursauta quand il apparut et bafouilla quelque chose qu’il ne comprit pas. Il guetta sur son visage l’instant où elle se ressaisirait. Il n’attendit pas longtemps.

Elle frissonnait, mais d’excitation. Ses yeux, légèrement embués, s’éclaircirent et s’avivèrent. Elle lui saisit le bras de ses doigts tremblants.

— Vite, dit-elle, par-là. Mon aéroulotte va passer.

— Votre quoi ? dit Gosseyn.

Mais elle était déjà partie et ne parut pas l’entendre. Gosseyn la suivit en courant, et réfléchit : « M’aurait-elle joué ? A-t-elle su à chaque instant qu’elle allait fuir maintenant ? Mais dans ces conditions, pourquoi le Disciple ne le saurait-il pas ? Et pourquoi attend-il ? »

Il ne pouvait s’empêcher de se rappeler qu’il se trouvait pris au « piège le plus complexe qui ait jamais été imaginé pour un individu ». Il fallait y réfléchir même si l’évasion réussissait en apparence.

Devant lui, la femme plongea dans un rideau de hauts taillis et il cessa de l’entendre. Gosseyn la suivit et se trouva devant une mer sans limites. Il eut le temps de se rappeler que cette planète comportait de vastes océans peuplés d’îles, et un vaisseau aérien parut flottant au-dessus des arbres à sa gauche. Il avait une cinquantaine de mètres de long, un museau court, et dix mètres au plus épais. Il amerrit légèrement devant eux. Une longue passerelle mince glissa vers eux. Elle prit contact avec le sable aux pieds de la jeune femme.

En un éclair, elle la franchit. Elle cria par-dessus son épaule :

— Vite !

Gosseyn passa le seuil sur ses talons. Dès qu’il fut à l’intérieur, la porte se referma et la machine commença à grimper. La vitesse à laquelle tout se déroula lui rappelait une expérience analogue, vécue près du Temple du Dieu Endormi dans le corps du prince Ashargin.

Il y avait une différence vitale et essentielle. Dans son état d’Ashargin, il ne se sentait pas immédiatement menacé. Maintenant, si.

Les joueurs du Non-A
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